PARIS (Reuters) - Après quatre années de surperformance, les valeurs moyennes européennes restent incontournables dans la composition des portefeuilles des gérants actions et le compartiment est une nouvelle fois bien parti pour faire que mieux que le reste du marché en 2006.
Sur le mois de novembre, l'indice Footsie EuroMid Eurobloc a reculé de 4,05% tandis que l'indice des grandes valeurs de la zone euro FTSEurofirst 300 a cédé 3,18%. Cependant, depuis le début de l'année, le premier avance de 14,84% et le second de 11,42%.
Les valeurs moyennes européennes se traitent aujourd'hui 16,7 fois les résultats prévus de 2006, contre 13,4 fois pour les grandes valeurs, ce qui représente une prime moyenne de 24%.
"2006 aura été un très bon millésime, certaines valeurs industrielles ont connu des taux de croissance record", note Philippe Ezeghian, directeur de la recherche de Fortis (FORA) Bank.
Illustration la plus récente de la montée en puissance de certaines entreprises autrefois considérées comme valeurs moyennes, Vallourec (VK) entrera au CAC 40 (PX1) pour remplacer Publicis Groupe (PUB) à partir du 18 décembre. Il y a 18 mois, la capitalisation du spécialiste des tubes sans soudure ne portait "que" sur un milliard d'euros. Elle atteint aujourd'hui de 10,74 milliards.
RISQUES SYSTEMIQUES
Si 2006 s'annonce d'ores et déjà comme une nouvelle année de référence, les gérants sont toutefois plus réservés pour les prochains trimestres.
"Un certain nombre de sociétés commencent à éprouver des difficultés à contenir la hausse de plusieurs postes de coûts, notamment ceux de l'énergie ou des matières premières", estime Philippe Ezeghian.
Pour le spécialiste, la saison des résultats annuels, qui commencera à partir de mars 2007, devrait être de bonne facture, en particulier pour les groupes industriels.
"Le discours des dirigeants sera toutefois plus raisonnable. La hausse des taux d'intérêt dans la zone euro pourrait avoir un impact négatif pour l'investissement. Et puis il y a bien sûr la base de comparaison. Au regard des performances de 2006, année au cours de laquelle la croissance de certains groupes aura été de 30 à 40%, le rythme de hausse de la demande manifestée par leurs clients pourrait commencer à ralentir", détaille-t-il.
Philippe Ezeghian note que le compartiment des valeurs moyennes est désormais très bien structuré, surtout en France. "Les entreprises du compartiment en Espagne ou en Allemagne ont mis plus du temps à se positionner à l'international, contrairement à certains leaders de niche français ou néerlandais."
Lionel Heurtin, gérant auprès d'Ofivalmo, est quant à lui plutôt sceptique sur le potentiel d'appréciation de cette classe d'actifs. "Les ratios de valorisation sont beaucoup plus tendus aujourd'hui et les marchés financiers ignorent de nombreux risques comme celui de la liquidité, le plus important à nos yeux", dit-il.
En outre, "le compartiment des valeurs moyennes contient trop de valeurs cycliques, très exposées en cas de conflit géopolitique", ce qui pourrait constituer un déséquilibre dans les mois à venir, les valeurs défensives étant davantage représentées au sein les grandes capitalisations.
D'autres gérants avancent que certains risques systémiques, comme une aggravation de la crise nucléaire iranienne ou la propagation de la grippe aviaire, peuvent revenir tout moment perturber les places financières.
DERNIER INVENTAIRE AVANT FERMETURE
Les derniers mois ont été difficiles pour les valeurs moyennes. Le trou d'air qu'ont connu les places financières mondiales entre mai et juillet a joué les prolongations sur le compartiment et de nombreux hedge funds se sont désengagés pour harmoniser leurs lignes.
Lorsque le marché est orienté à la baisse, les petites et moyennes valeurs résistent dans un premier temps pour accentuer par la suite le recul des grands titres. Lorsqu'il remonte, les small & mid caps suivent le mouvement mais avec un décalage, un scénario classique.
L'actualité des entreprises au mois de novembre a été riche. Plusieurs dossiers de fusions-acquisitions ont animé les salles de négociation. Si les fonds d'investissement, qui regorgent de liquidités à investir, s'intéressent aujourd'hui aux larges capitalisations, ils n'ont pas délaissé le compartiment des valeurs moyennes.
Le rythme des introductions a également été soutenu ces quatre dernières semaines. Le fabricant de meubles italiens de luxe, Poltrona Frau et la filiale d'EDF (EDF), Energies nouvelles, ont fait une entrée remarquée en Bourse. Le groupe immobilier SeLoger.com a quant à lui signé sa première séance de cotation vendredi.
Le mois de décembre devrait être plus calme. Les opérateurs réorganisent leurs positions à quelques semaines de la fin de l'année, dernier inventaire avant de tirer le rideau et de laisser la place à 2007.