ABN le 16/04/2008 13h45
A l'heure où la flambée des prix des produits agricoles ne cesse d'alimenter la critique, force est de constater qu'un nombre croissant de pays producteurs, émergents pour la plupart, tendent à jeter de l'huile sur le feu, étant désormais contraints de prendre des mesures de plus en plus radicales pour faire face à la résurgence de l'inflation domestique en général et des produits alimentaires en particulier...Et l'exemple du blé est à cet égard éminemment révélateur... Certes, bien affaibli depuis quelques jours déjà par la dernière publication du ministère américain de l'agriculture faisant état d'une hausse sensible des surfaces cultivées aux Etats-Unis et d'une augmentation concomitante des stocks mondiaux, le blé continue néanmoins de cristalliser toutes les attentions. Le gouvernement Kazakh a ainsi annoncé, hier, de manière unilatérale, la suspension totale de ses exportations de blé afin de faire à une montée sans précédent des pressions inflationnistes. Une décision qui, en dépit des craintes pesant actuellement sur les capacités de l'offre mondiale à pouvoir répondre à une demande en pleine augmentation, apparaît, in fine, assez logique en soi lorsque l'on considère que l'inflation s'est envolée, au Kazakhstan, de plus de 19 % en février... Signe des temps, cette annonce fait suite à la récente décision argentine, l'un des plus importants producteurs mondiaux, d'interrompre également ses exportations, provoquant ainsi la colère des exploitants argentins, frustrés de ne pas pouvoir tirer profit de la flambée des cours...
Or, c'est bien là que réside l'enjeu. Car par delà, la manne inespérée que représentent pour les pays exportateurs l'explosion des cours des produits agricoles, les gouvernements des pays exportateurs sont contraints de réagir à la vive accélération de l'inflation qu'elle sous-tend (importance relative de l'alimentation dans le budget des ménages oblige...). In fine, tout ceci participe d'une nouvelle tendance vraisemblablement irréversible : la progressive sanctuarisation des productions nationales de blé, ce qui ne manquera évidemment pas, de manière assez retorse, de soutenir les cours mondiaux en tendance lourde tout en continuant à alimenter les anticipations inflationnistes...
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