L'état de l'économie européenne place la BCE face à un dilemme sur les taux
AFP le 31/10/2007 20h44
Inflation au plus haut depuis deux ans et confiance en baisse des ménages et des entreprises: la Banque centrale européenne est confrontée à un sérieux dilemme pour décider du niveau des taux d'intérêt, alors qu'aux Etats-Unis ils continuent à baisser.
Le rythme de hausse des prix dans les treize pays de la zone a fortement accéléré en octobre, à 2,6% sur un an, du jamais vu depuis deux ans, après 2,1% en septembre, selon une première estimation de l'Office statistique européen Eurostat publiée mercredi.
L'inflation, tirée par les prix de l'énergie et des produits alimentaires, dépasse pour le deuxième mois consécutif la limite de 2% tolérée sur le moyen terme par la Banque centrale européenne (BCE).
Parallèlement, l'indice de confiance économique dans la zone euro, qui résume l'opinion des chefs d'entreprise et des consommateurs, a baissé plus que prévu en octobre, selon une enquête de la Commission européenne. Il s'est établi à 105,9 points, contre 106,9 points en septembre, ce qui confirme la tendance à la détérioration de la conjoncture.
En cause: le prix du baril de pétrole qui se dirige vers les 100 dollars, l'impact de la crise immobilière aux Etats-Unis, même si la croissance économique aux Etats-Unis a mieux résisté que prévu au troisième trimestre, et l'euro fort qui, s'il permet de limiter la facture énergétique libellée en dollars, pèse aussi sur les exportateurs.
Ces trois facteurs, "ont mis fin pour l'instant au scénario attendu de croissance solide avec une inflation faible", souligne l'économiste de Bank of America Holger Schmieding, qui les qualifie de "triple poisse".
Une inflation plus élevée associée au ralentissement de la conjoncture constituent "la plus mauvaise combinaison de données" pour la BCE, selon lui.
"La détérioration du sentiment de confiance et une nouvelle pointe de l'inflation dans la zone euro en octobre créent un mélange particulièrement peu appétissant pour la BCE", qui tient le 8 novembre sa prochaine réunion mensuelle pour déterminer le niveau de ses taux d'intérêt directeurs, renchérit Howard Archer, économiste de l'institut Global Insight.
L'accélération de l'inflation donne de nouveaux arguments à ceux qui en son sein plaident en faveur d'une nouvelle hausse des taux directeurs. Mais en même temps, alors que l'économie ralentit, un resserrement prématuré du coût du crédit serait risqué pour la croissance.
L'Allemand Axel Weber, un des "faucons" au sein du conseil des gouverneurs de l'institut monétaire, a plaidé indirectement mercredi pour la première solution, dans un entretien au Wall Street Journal Europe.
Pour Jonathan Loynes, économiste de l'institut Capital Economics, "la porte reste ouverte pour une dernière hausse des taux d'intérêt", alors que la BCE "est susceptible de mettre l'accent" sur l'inflation plutôt que sur la croissance.
Mais le choix est d'autant plus délicat qu'aux Etats-Unis, la Réserve fédérale (Fed) est engagée dans un mouvement inverse. Elle a encore baissé mercredi d'un quart de point à 4,50% son principal taux directeur, arguant des risques de ralentissement de la croissance.
En conséquence, une hausse du taux directeur de la BCE, actuellement à 4%, dont très proche de celui en vigueur aux Etats-Unis, rendrait l'euro encore plus attractif aux yeux des investisseurs et le pousserait vers de nouveaux sommets, au risque d'étouffer la croissance.
Pour Howard Archer, la BCE devrait du coup se résoudre à ne rien faire "pour quelques temps encore".
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