AFP le 06/05/2012 à 20:26
Le marché inquiet pour la Grèce mais pas de la victoire de Hollande :
La probable poussée des partis extrémistes en Grèce, qui pourrait mettre en péril le plan d'aide accordé au pays, alarme davantage les marchés que la victoire à la présidentielle de François Hollande dont le programme n'est plus perçu comme une menace par les investisseurs.
"La semaine s'annonce à haut risque, mais paradoxalement la Grèce pèsera peut-être plus dans la balance que l'élection française", estime Valérie Plagnol, directeur de la recherche chez Crédit Suisse.
A la différence de 1981, l'arrivée du candidat socialiste à l'Elysée ne devrait en revanche pas déstabiliser les marchés, dont les premiers ouvrent en Asie en milieu de nuit européenne.
La Bourse de Paris cède certes du terrain depuis plusieurs semaines, mais cette tendance est commune à l'ensemble des places financières européennes, minées par les craintes sur l'économie de la zone euro.
Et le coût de refinancement de la dette publique de la France n'a pas davantage augmenté entre les deux tours de la présidentielle. Paris a ainsi emprunté jeudi près de 7,5 milliards d'euros à des taux en baisse.
"M. Hollande ne devrait pas remettre en cause le traité européen sur la stabilité financière, mais plutôt y adjoindre un volet sur la croissance. Sur ce point, il n'est plus seul à souhaiter cela en Europe, ce qui a tendance à rassurer", explique Mme Plagnol.
Longtemps réticente, Berlin est prête à travailler à "un pacte de croissance pour plus de compétitivité", selon le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle.
Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, souhaite aussi remettre cette thématique "au centre de l'agenda" européen.
M. Hollande pourrait avoir dès dimanche soir un échange sur ces sujets avec la chancelière allemande Angela Merkel, selon l'un des ses conseillers.
Si les recettes divergent, plusieurs pistes sont déjà à l'étude: augmenter les capacités d'emprunt de la banque européenne d'investissement (BEI), consacrer davantage les fonds structurels européens à la zone euro, instaurer des +project bonds+, des emprunts obligataires européens destinés à un projet spécifique, ou encore autoriser le mécanisme européen de stabilité (MES) à venir en aide à un secteur en difficulté et non plus uniquement à un Etat.
Pour Laurence Boone, chef économiste Europe pour la banque d'affaires américaine BofA-Merrill Lynch, l'alternance en France n'inquiète pas car "les investisseurs s'attendent à la conduite d'une politique sociale modérée".
La Grèce, dont la population a voté ce dimanche pour des législatives anticipées, cristallise en revanche beaucoup plus d'inquiétudes.
Les deux partis pro-austérité, le Pasok (socialiste) et la Nouvelle Démocratie (droite), qui gouvernaient ensemble au sein d'une coalition depuis novembre 2011 se sont effondrés lors des législatives, rassemblant entre 31 et 37% des voix contre plus de 77% en 2009, selon des sondages sortie des urnes.
S'ils se confirmaient, cet effondrement rendrait quasi impossible la formation d'un gouvernement de coalition par ces deux partis pour poursuivre la politique de rigueur dictée par l'Union européenne et le Fonds monétaire international.
"Les créanciers du pays (FMI, UE et BCE) risquent de suspendre au moins temporairement leur aide", s'inquiète Stéphane Deo chez UBS.
"Le gouvernement ne pourra rapidement plus payer ses fonctionnaires et les retraites, ce qui engendrera de très vives tensions sur les marchés financiers", prévient-il.
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