AFP le 14/03/2007 21h27
Les marchés boursiers mondiaux, toujours fragilisés par le coup de tabac provoqué en Chine il y a deux semaines, ont de nouveau nettement décroché mercredi en raison des craintes d'une crise immobilière aux Etats-Unis qui affecterait la croissance.
La Bourse de New York évoluait en hausse mercredi une heure environ avant la clôture, mais au terme d'une séance en dents de scie, qui a vu l'indice Dow Jones repasser sous le seuil des 12.000 points pour la première fois depuis le 6 novembre 2006.
Vers 18H50 GMT, le Dow Jones prenait 0,33% à 12.115,38 points et l'indice composite du Nasdaq gagnait 0,76% à 2.368,41 points. Mardi, le Dow Jones avait perdu 1,97% et le Nasdaq avait cédé 2,15%, déclenchant la glissade mondiale.
Paris a perdu 2,52% en clôture, Londres 2,61%, Francfort 2,67% et l'Eurostoxx 50 2,78%.
Le mouvement de baisse a aussi affecté tous les marchés boursiers d'Asie. A Tokyo, l'indice Nikkei a cédé 2,92%. Séoul a clôturé en baisse de 2%, Sydney de 2,10%. Manille a dévissé de 3,38%, Hong Kong s'est replié 2,56%, Shanghai de 1,97% et Bombay de 3,49%.
Fin février, les marchés mondiaux avaient déjà décroché de 5% environ, suite à une sévère correction de la Bourse de Shanghai menacée par l'éclatement d'une bulle spéculative.
"La nouvelle baisse des marchés mondiaux a été amplifiée par la crise grandissante du secteur des prêts immobiliers à risque aux Etats-Unis", estime Julian Jessop, chef économiste du cabinet d'études britannique Capital Economics.
"Les inquiétudes sont à notre avis justifiées, particulièrement concernant un effet domino sur la consommation des ménages aux Etats-Unis. Le marché des prêts immobiliers aux Etats-Unis constitue un nouvel exemple des excès financiers des dernières années", dit-il.
Après des années d'euphorie qui ont dopé la croissance de la première économie mondiale, le marché immobilier américain s'est retourné, fragilisant en particulier les sociétés spécialisées dans l'octroi de crédits à risque aux ménages faiblement solvables. Ce qui fait craindre un ralentissement plus accentué que prévu de la croissance globale du pays.
Quelque 2,2 millions de foyers américains risquent de perdre leur maison d'ici à la fin de l'année, incapables de faire face à des échéances toujours plus hautes, basées sur ces prêts à hauts risques.
Le système fonctionne en effet tant que les prix continuent à grimper et que les ménages concernés peuvent renégocier plusieurs fois leurs emprunts en se basant sur la hausse de la valeur de leur maison.
New Century, l'une des principales sociétés américaines concernées, a annoncé être en quasi faillite cette semaine. Son cours en Bourse a perdu 90% depuis le début de l'année.
Les analystes relativisent en soulignant que les risques de propagation au secteur bancaire traditionnel sont minimes. Et le secrétaire au Trésor américain Henry Paulson s'est voulu rassurant mardi, estimant que les fondements de l'économie nationale restaient solides.
"Le véritable risque est psychologique. Face à une remontée du taux de défaut, les investisseurs pourraient ne plus vouloir des titrisations de crédits hypothécaires", c'est-à-dire la revente à des fonds d'investissements des créances des banques sur l'immobilier, observe le courtier Aurel Leven, dans une note à ses clients.
Les banques "devraient alors supporter directement dans leur bilan le risque d’octroi de nouveaux prêts hypothécaires" et "seraient alors tentées de ne plus prêter aux ménages", ajoute le courtier.
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