Reuters le 15/11/2006 21h29
WASHINGTON, 15 novembre (Reuters) - Tous les membres du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fomc) estimaient que la réduction de l'inflation demeurait un sujet de "grande préoccupation" lorsqu'ils ont décidé de laisser les taux inchangés le 25 octobre dernier, montre le compte rendu de la réunion publié mercredi.
La Fed a maintenu alors pour la troisième fois consécutive son principal taux directeur, le taux des fonds fédéraux, à 5,25% - niveau atteint en juin à l'issue de 17 relèvements d'affilée en plus de deux ans - en jugeant que la modération de la croissance réduirait les pressions sur les prix.
Les marchés ont vu dans ce compte rendu une confirmation de leur scénario selon lequel la Fed maintiendra ses taux inchangés pendant plusieurs mois supplémentaires, sans les réduire.
"Le principal message est plutôt 'faucon'. Ils veulent rappeler qu'ils ont toujours un biais haussier si l'inflation reste aussi élevée qu'elle l'a été au cours des douze derniers mois", a constaté John Miller, gérant de fonds à Nuveen Investments, à Chicago.
Les futures sur les taux montrent que les intervenants tablent sur un statu quo au moins jusqu'à janvier. La probabilité d'une baisse du taux des fed funds à 5% en mars prochain est tombée à 14%, contre 40% encore mardi.
Les Treasuries ont baissé, et le dollar a légèrement monté à la publication des "minutes" mais dans des marges limitées, les cambistes restant avant tout préoccupés par les chiffres des prix à la consommation qui seront communiqués jeudi.
VIGILANCE MAINTENUE
"Tous les membres ont convenu que les risques de parvenir à une réduction anticipée de l'inflation demeuraient un sujet de la plus haute préoccupation", lit-on dans le compte rendu.
"Les membres ont relevé qu'un nombre important de données serait publié avant la prochaine réunion du comité en décembre, donnant au comité une grande marge de manoeuvre pour affiner son diagnostic des perspectives économiques avant de juger si de nouvelles hausses de taux seront nécessaires."
Les membres du Fomc soulignaient que les anticipations inflationnistes pourraient s'orienter à la hausse si l'inflation hors éléments volatils (énergie et alimentaire) restait élevée sur une période prolongée.
Les minutes montrent toutefois que les membres du comité prévoyaient que cette inflation "centrale" s'orienterait à la baisse avec le ralentissement de la croissance, tout en relevant qu'il existait des dangers si la hausse des prix ne décélérait pas.
"La plupart des responsables de la Fed continuent à voir la baisse des prix de l'énergie réduire les pressions inflationnistes mais maintiennent leur vigilance en ce qui concerne l'inflation 'centrale'", a noté Ahsraf Laidi, stratège de changes à CMC Markets à New York.
La Fed estimait aussi en octobre qu'un tassement de la hausse des prix de l'immobilier ne s'était pas traduit par un ralentissement à ce jour des dépenses de consommation.
Mais beaucoup de participants s'étaient aussi inquiétés d'un impact plus prononcé sur les dépenses des ménages en cas de baisse plus forte du marché du logement.
Le marché du travail est tendu mais les indicateurs ne permettent pas de montrer clairement qu'il en résulte une hausse des salaires, lit-on encore dans le compte rendu. Mais les membres du comité notaient que les fortes marges de profit offraient aux entreprises une certaine marge de manoeuvre pour absorber des hausses des coûts salariaux sans les répercuter vers les consommateurs en augmentant leurs prix.