C’est une véritable offensive tous azimuts de la Chine afin d’assurer ses approvisionnements en pétrole. Après avoir remporté un bon tiers des enchères en Irak, voilà qu’elle s’intéresse de près au Nigéria, un pays peu sûr en ce moment il faut bien le dire. Les chinois ont un raisonnement bien plus long-termiste que les occidentaux qui sont un peu mous du genou depuis quelques temps, plombés il faut bien le dire par cette crise financière devenue crise économique. Les chinois transforment à vive allure leur réserve de devises en $ en actifs MP, faisant ainsi d’une pierre deux coups, à savoir se débarrasser du dollar tout en acquérant des actifs indispensables à la poursuite de leur
développement.
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Dans l'industrie pétrolière, l'offensive chinoise se renforce de jour en jour
LE MONDE
01.10.09
La Chine et le Nigeria viennent de donner aux grandes compagnies pétrolières occidentales une raison de plus de se faire du souci. Jusqu'à présent, les compagnies chinoises prospectaient dans des régions à risque, des zones où les majors n'étaient pas vraiment bien implantées, ou des pays ayant grand besoin de vendre, comme l'Irak ou l'Argentine. Mais il se dit maintenant que la Chine se prépare à faire une entrée fracassante au Nigeria. La CNOOC, l'une des trois plus grandes compagnies pétrolières chinoises, serait en train de concocter une offre sur un gisement de 6 milliards de barils.
Voilà qui marque un changement de tactique de la part des Chinois. Les compagnies occidentales Shell, Total, ChevronTexaco et ExxonMobil sont très actives au Nigeria, un pays peu sûr. Les Chinois visent manifestement des lots qu'elles détiennent déjà en partie.
On ne sait pas très bien si la logique sera d'installer les Chinois ou de déloger les Occidentaux. Il y a peu de chance de voir les exploitants actuels expropriés : il s'ensuivrait un conflit juridique épineux, alors que le Nigeria a besoin du savoir-faire occidental. En revanche, dans un contexte où les relations entre les majors et le gouvernement local sont très tendues, le Nigeria pourrait tenter d'obtenir des Chinois des conditions plus intéressantes que celles qui ont été conclues avec les compagnies opérant actuellement dans le pays.
Les riches compagnies chinoises sont des concurrentes de plus en plus dangereuses pour les groupes occidentaux, une situation qui n'a pas que des inconvénients. Shell, excédée par les problèmes de sécurité que pose le Nigeria, a mis en vente certains sites. L'arrivée d'un acheteur motivé pourrait lui permettre d'en céder davantage. En Argentine, il n'y a que les Chinois pour envisager d'acquérir la totalité de YPF, une société contrôlée par l'espagnol Repsol.
Expertise technologique
Les compagnies pétrolières occidentales les plus pragmatiques se sont de surcroît aperçues que les Chinois font de bons partenaires. BP et Shell, par exemple, se sont associées à des sociétés chinoises pour participer à des enchères récentes en Irak. La plupart des observateurs étaient convaincus que Sinopec, Cnooc et CNPC feraient bloc pour l'emporter sur les Occidentaux.
En réalité, les majors souhaitent développer leurs liens avec la Chine, et la réciproque est vraie. La Chine a besoin de l'expertise technologique qui est l'apanage des plus grandes compagnies, afin d'exploiter ces gisements atypiques. Ce pays sera aussi bientôt le plus grand importateur de pétrole au monde, et il ne fait aucun doute que les compagnies pétrolières ou gazières chinoises deviendront des acteurs majeurs du secteur. La raison du plus fort est toujours la meilleure.
(Traduction de Christine Lahuec.)