Reuters le 13/11/2008 12h00
Le taux d'inflation en France est descendu en octobre à son plus bas niveau de l'année, une bonne nouvelle pour le pouvoir d'achat largement éclipsée par la remontée du chômage et les inquiétudes liées à la crise.
Les prix de détail ont diminué de 0,1% le mois dernier et leur glissement annuel est revenu à 2,7% contre 3,0% en septembre, selon les chiffres publiés jeudi par l'Insee.
Il faut remonter à décembre 2007, quand il était de 2,6%, pour trouver plus bas. Le taux d'inflation était de 2,8% au début de 2008 avant de grimper régulièrement et de culminer à 3,6% en juillet et juin, des pics sans précédent depuis l'été 1991.
L'indice des prix IPCH, qui permet une comparaison au niveau européen, a également diminué de 0,1% en septembre après être resté stable le mois précédent.
Sur un an, la hausse de l'indice IPCH revient à 3,0% après 3,3% en septembre et 4,0% en juillet et juin.
Dix-huit économistes interrogés par Reuters s'attendaient en moyenne à un repli de 0,2% en octobre et à un taux de 2,9%.
Le chiffre un peu plus élevé que prévu est dû à l'alimentation et aux services.
Les prix alimentaires ont augmenté de 0,5% le mois dernier tout en affichant un recul de 0,6% sur trois mois. Sur un an, leur hausse ressort à 4,7%.
Les prix des services ont quant à eux progressé de 0,4% par rapport à septembre.
Les prix de l'énergie ont au contraire baissé de 3,7% sur un mois et de 7,2% sur trois mois, mais ils restent en hausse de 9,1% sur un an. Les prix pétroliers en particulier ont chuté de 5,9% sur un mois et de 12,4% sur trois mois.
"Les prix de l'énergie se sont effondrés, c'était très largement attendu et cela explique la baisse de l'indice sur le mois," commente Dominique Barbet, économiste chez BNP Paribas, qui s'attend à une amplification de la baisse en novembre.
RAYON DE LUMIÈRE
"C'est l'un des seuls rayons de lumière de cette triste fin d'année pour l'économie française," juge de son côté Alexander Law, économiste au cabinet de recherche Xerfi, en prévoyant lui aussi une poursuite de la désinflation.
La décrue des prix, amorcée cet été avec le virage à la baisse des cours des matières premières, pétrole en tête, n'a pas eu d'effet sur le moral des ménages français qui, après s'être préoccupés pour leur pouvoir d'achat, s'inquiètent maintenant de la remontée du chômage et de la crise.
Une étude du cabinet Deloitte France publiée cette semaine montre en outre que les inquiétudes liées au pouvoir d'achat restent fortes. Près des deux tiers des Français pensent ainsi que leur pouvoir d'achat s'érode, contre un peu plus de la moitié en 2006, et plus d'un sur deux pense réduire ses dépenses de Noël cette année .
Les chiffres de la croissance, publiés vendredi, devraient confirmer que le pays est entré en récession à l'image de l'Allemagne qui a annoncé jeudi une contraction plus forte que prévu, de 0,5%, de son produit intérieur brut au troisième trimestre .
Et après le Fonds monétaire international, l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a revu en forte baisse ses prévisions jeudi et anticipe désormais une année de récession en 2009 .
Pour Alexander Law cependant, la modération de l'inflation peut laisser espérer une reprise de la consommation en 2009.
"Le prolongement de la désinflation devrait participer d'un rebond progressif de la consommation des ménages à compter de l'été prochain," estime-t-il. "D'ici là, il faudra se rendre à l'évidence, la France est sûrement entrée dans une récession dont elle pourrait ne pas sortir avant début 2009".
Une récession se définit techniquement par deux trimestres consécutifs de baisse du PIB. Celui de la France a reculé de 0,3% au deuxième trimestre et l'Insee s'attend à ce qu'il se tasse également aux troisième et quatrième trimestres.
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