Dow Jones le 12/09/2008 16h34
David Reilly
DOW JONES NEWSWIRES
NEW YORK (Dow Jones)--Les titres des sociétés des secteurs financiers et bancaires sont pris dans un cercle vicieux : les augmentations de capital sont plus difficiles à réaliser avec la baisse des cours, ce qui accroît les craintes de voir ces entreprises ne pas pouvoir renflouer leurs bilans, conduisant ainsi à un nouveau déclin des cours. Et cette situation rend encore plus probable la perspective de dégradation des notes de crédit, les agences de notation estimant que l'incapacité à lever des capitaux augmente les risques pour les détenteurs d'obligations.
Ces dégradations des notes de crédit peuvent obliger les entreprises financières à fournir plus de garanties à leurs contreparties lors des transactions. Ces exigences les affaiblissent en accroissant les besoins en fonds propres et débouchent sur un nouveau repli des cours.
Ainsi va ce cercle vicieux, aspirant vers le bas des titres déjà mal en point comme ceux de Lehman Brothers et d'American International Group.
Malheureusement pour les investisseurs, il n'existe pas de solutions claires et évidentes de sauvetage.
Les facteurs qui provoquent ces problèmes sont hors du contrôle des sociétés, du gouvernement et de la Réserve fédérale. Parmi ces facteurs on peut citer : les prix de l'immobilier qui continuent de chuter, tirant ainsi à la baisse la valeur des actifs détenus par les banques et les courtiers; le ralentissement de la croissance mondiale qui augmente le risque de défaillances sur de nombreux crédits, et la réduction nécessaire du levier d'emprunt des sociétés financières qui conduit à une contraction du crédit.
Cette situation n'est pas sur le point de changer.
Même si la baisse des prix de l'immobilier s'apaise, il faudra du temps avant que les investisseurs puissent évaluer avec confiance la valeur des bilans des banques et des courtiers. Or sans crédit suffisant, l'économie mondiale aura des difficultés pour croître.
Et l'expansion du crédit ne pourra pas intervenir avant que le processus de désendettement ne soit terminé. Cela pourrait prendre un ou deux ans en considérant que les principales banques d'investissements américaines affichaient des actifs combinés de près de 4.000 milliards de dollars à la fin 2007, contre moins de 2.000 milliards de dollars en 2003, selon Bank of America, et que le levier de dette a augmenté de 50% sur la période.
La titrisation, la création d'instruments financiers synthétiques et la prolifération de véhicules d'investissement alternatifs ont contribué à masquer le vrai montant de levier de dette utilisé dans le système financier mondial. Il est ainsi délicat de savoir à quel moment du processus nous sommes.
Pour compliquer les choses, les marchés ont gelé la plupart des actifs que les banques et courtiers voudraient réduire dans leur bilan. Les sociétés pourraient les vendre avec une sévère décote mais les équipes de direction y regardent à deux fois en considérant que cela pourrait encore plus affecter les fonds propres.
Cette inaction a conduit à des pertes plus élevées faisant apparaître la nécessité de ventes d'actifs et d'augmentations de capital plus importantes.
Finalement, les prix tomberont à un moment si bas que les acheteurs referont sans doute leur apparition. Cela stabilisera les marchés et par ricochet les cours de bourse. Mais l'apaisement n'est pas encore pour demain.
David Reilly, Dow Jones Newswires
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